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mardi 3 novembre 2020

 ♦ Thecel ♦ (Roman) Mondes Parallèles

AUTEUR : Léo HENRY (France)/EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 655, 11/2020 — 289 p., 8.49 €*COUVERTURE : Aurélien Police
→ Moïra est une jeune princesse élevée dans le strict enseignement du couvent des Mères en tant qu'héritière de l'Empire des Sicles que son père dirige d'une main de fer. Peu consciente de ce lourd fardeau qu'elle partage lors des trop rares visites de son frère Aslander auquel elle est étroitement unie, elle devient experte au tir à l'arc tout en s'accoutumant à  la présence d'un dragonnet qui égaye son morne quotidien. Mais le grand Empire établi par les Oeucumaîtres cinq siècles plus tôt est à l'aube de profonds bouleversements que vont accélérer le décès du père de la jeune fille. Or, Aslander, son seul héritier mâle n'est jamais revenu du dernier voyage qu'il a entrepris et voilà Moira désignée pour diriger l'Empire à sa place après un mariage qu'elle n'a jamais désirée. De quoi entraîner sa fuite à travers un monde dont elle découvre peu à peu l'extraordinaire diversité fort éloignée du labyrinthique Palais Impérial dont, avec son frère, elle partageait tous les secrets. Lancée sur les traces d'Aslander et de sa belle amante Donnel de Talsa, elle vivra toutes sortes d'aventures qui l'entraîneront dans les pas des énigmatiques Face Pâles, auprès du souriant Albin et des Déscompteurs, qui l'amèneront à murmurer à l'oreille des dragons pour pouvoir les chevaucher, tout en étant confrontée aux sournois agissements des deux autres factions de pouvoir de l'Empire Sicle,  l’Oecumaîtrise et ses sages, le Temple et ses sœurs combattantes. Toutefois, au fil de ses pérégrinations, et tandis que les rumeurs de guerre se fond de plus en plus pressantes, elle ne tardera pas à être spectatrice du Retournement, pièce maîtresse du jeu entre l'Empire des Sicles et Abacule, archipel infini d'incertitude et de contradictions, Passant sans le vouloir d'un monde à l'autre elle s'intègrera dans un trame d'événements qui ne sont pas sans rappeler des background à la Dark City ou à la Inception, transformant la réalité en un continuum brumeux où s'égarent les lignes d'intrigues de personnages devenus esclaves de leur destinée, comme cette jeune princesse qui, après avoir donné un nom au premier dragon à avoir éclos en Thecel, et après avoir partagé la geste de l'orphelin Face Pâle devenu son ami, s'est lancée sur les traces du souvenir de son frère, circulant d'un monde à  l'autre tout en se dépouillant d'une partie d'elle-même pour arriver enfin à s'appréhender dans toute la complexité de son être. Un court roman intimiste porté par l'écriture ciselé de Léo Henry qui s'inscrit plus directement dans la lignée d'une fantasy à la Gormenghast de Mervyn Peake que dans une celle d'une sword and sorcery débridée, mais qu'on peut lire en retenant son souffle tandis que ses pages se déroulent comme une buée d'imaginaire s'échappant lentement des coulées de mots humidifiant le papier d'un éloge à la différence, d'un goût prononcé pour les rêveries des cartographes et un certain penchant pour l'anarchisme, tout en nous laissant glisser sous les draps d'un monde volontairement non architecturé, mais plutôt savamment murmuré, comme le souffle de Moira dans l'oreille du dragon.

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